Le Lion du désert, au cœur de la résistance libyenne
Le Lion du désert est un long-métrage réalisé par Moustapha Akkad en 1981 qui retrace une partie de la période coloniale en Libye par les Italiens. En 1929, le gouverneur italien Benito Mussolini, fait appel au général Rodolfo Graziani pour contrôler les rébellions acharnées en Cyrénaïque (partie nord-orientale de la Libye). Le film est centré sur la résistance libyenne sous les ordres d'Omar Al Mokhtar, chef de résistance, opposé farouchement à la colonisation.
Contexte historique
En 1911, la régence de Tripoli a été envahie par les troupes italiennes après l'abandon de l'empire Ottoman. Dès le début du XXe siècle, l'Italie cherche à étendre son territoire afin de concurrencer deux pays européens coloniaux à cette époque : la France et le Royaume-Uni. Afin de justifier son droit sur le territoire libyen, l'Italie évoque la possession de la Libye antique sous l'Empire romain. De plus, les Italiens étaient très présents en Libye avant 1911, d'ailleurs, c'était la première communauté étrangère. Cependant, les véritables raisons de l'invasion italienne sont loin d'être aussi légitimes. Tout d'abord, l'Italie voulait prendre sa part de territoire d'un empire ottoman en plein déclin, pour nourrir ses ambitions impérialistes. D'autre part, l'Italie était confrontée à un problème démographique, puisqu'un nombre important de sa population restait à loger et la Libye était peu peuplée donc idéal pour une population qui s'agrandit. Une autre justification prédominante est la religion, l'Italie avait pour objectif de répandre la foi chrétienne. Ainsi, le 3 et le 4 octobre 1911, débutent les bombardements sur Tripoli et le débarquement des Italiens à Tripoli et Tobrouk. Finalement, le 17 octobre 1912 le traité de Lausanne appelé le traité d'Ouchy fut signé. C'est un accord de paix clôturant la guerre italo-turque. Il donne à l'Italie les anciens territoires ottomans de Tripolitaine, de Cyrénaïque, du Fezzan et du Dodécanèse.
Le lion du désert : Omar al Mokhtar
Le personnage d'Omar Al Mokhtar est présenté dès le début du film comme un homme sage, un être accompli et un combattant courageux. Le caractère spirituel du militant est mis en avant tout au long du film, en effet, ses sources d'inspiration et sa force se trouve dans ses valeurs religieuses qui découlent d'une moralité qui lui sont propres. D'autre part, ses connaissances dans l'art de la guerre, du territoire libyen et du désert lui offrent une longueur d'avance sur ses adversaires.
Des répercussions radicales
Pour lutter contre la résistance libyenne, l'armée italienne sous les ordres de Graziani, persécute la population locale en mettant en place des exécutions massives. Pire encore, seize camps de concentration entre 1930 et 1933 où la population de la Cyrénaïque va être déportée dans des conditions inhumaines. La confrérie sénousite qui représentait un soutien à la résistance, se voit privée de ses biens et soumise à un contrôle. Une clôture de fil barbelé va être mise en place depuis le port de Bradia jusqu'à l'oasis d'al Giagbuub, afin d'empêcher toute livraison matérielle en provenance d'Egypte.
En 1931,
après vingt ans de lutte qu'Omar Al
Mokhtar est capturé lors de la bataille de Wadi Biu Taga. Cependant, la
personnalité inspirante d'Omar al Mokhtar reste infaillible jusqu'à la fin,
puisque lors de son dialogue avec Graziani, il maintient des propos clairs qui
ne laissent place à aucune intimidation et encore moins à la corruption. Il
est le personnage idéal de la résistance par excellence. Le 16 septembre, il est pendu dans le camp de
concentration de Suluq devant des milliers de Libyens à l'âge de 73 ans.
Après sa mort, la résistance devient quasi inexistante faute de moyens,
mais le cours des événements historiques va jouer en faveur du peuple libyen.
Vers l'indépendance
À l'issue de la Seconde Guerre Mondiale, l'Italie faisant partie des
pays perdants se voit retirer la Cyrénaïque qui devient sous le contrôle du
Royaume-Uni et Fezzan sous le contrôle de la France. Ainsi, le 10 février 1947, l'Italie renonce à ses
droits sur la Libye lors du traité de Paris. Cependant, en 1949, le comte Carlo Sforza,
ministre des affaires étrangères, tente de négocier avec les Britanniques
un compromis qui permettrait à l'Italie d'organiser un nouvel Etat tripolitain,
alors qu'Idriss conserverait la Cyrénaïque et les Français le Fezzan. Cette tentative provoque de violentes
réactions à Tripoli entre le 11 et le 19 mai 1949, l'idée est très vite abandonnée. La Libye s'orientant vers un
statut d'Etat unitaire. Finalement, en 1951, le royaume de la Libye devient
indépendant sous Idriss as-Sanoussi.
Chahrazad Melouka