Une histoire naturelle de la biodiversité

24/01/2024

La biodiversité est la contraction de deux mots, « biologique » et « diversité », de ce fait, elle fait référence à l'ensemble des êtres vivants et les écosystèmes dans lesquels ils vivent. Actuellement, on définit la diversité comme :

« La variabilité des organismes vivants de toute origine y compris , entre autres, les écosystèmes terrestres marins, et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes. »

Cette définition a été donnée en 1992 lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro où la conservation de la biodiversité est reconnue comme fondamentale pour la planète. Concrètement, la biodiversité regroupe une multitude d'espèces que ce soit dans le règne animal, végétal ou encore les bactéries et les champignons. Actuellement, les biologistes comptent entre 3 et 120 millions d'espèces. Malgré cette richesse des espèces, aujourd'hui, la biodiversité est menacée notamment par la dégradation de l'environnement des espèces, ou encore la pollution qui altère la qualité de l'eau.

L'objectif de cet article est d'exposer l'histoire naturelle de la biodiversité à travers les différentes crises d'extinctions biologiques qu'elle a pu connaître au cours du temps. 

Biodiversité, à l'origine de la diversité du vivant

La biodiversité comprend trois niveaux :

  • Les diversités génétiques (les gènes)
  • Les diversités organismiques (les espèces)
  • Les diversités écologiques (les écosystèmes)

La richesse de la biodiversité résulte d'une évolution sur des milliards d'années à travers des processus naturels et en partie sous l'influence des activités humaines. Les écosystèmes peuvent être modifiés par des perturbations d'origine naturelle ou anthropique. De ce fait, la biodiversité est un phénomène dynamique qui a connu cinq grandes extinctions, et qui aujourd'hui, pour certains experts, nous vivons la sixième extinction.

On définit une extinction de masse comme une disparition massive, à grande échelle et rapide d'espèces. La Terre a déjà vécu cinq grandes extinctions de masse dont :

Extinction Ordovicien-Silurien, il y a 444 millions d'années : période de glaciation qui a emprisonné d'énormes quantités d'eau dans une calotte glaciaire. Ce phénomène a été provoqué par la formation des Appalaches en Amérique du Nord. L'altération à grande échelle de ces roches fraîchement sorties de terre a aspiré le dioxyde de carbone présent dans l'atmosphère et a refroidi quasiment toute la planète. En conséquence, le niveau de la mer a chuté de plusieurs dizaines de mètres. Les espèces vivantes dans les eaux peu profondes ont vu leurs habitats se refroidir, de ce fait leurs habitats ont rétréci considérablement. Cette extinction de masse a tué environ 85% de toutes les espèces terrestres, les organismes marins ont été les plus touchés.

Extinction du Dévonien, il y a 383-359 millions d'années : cette période a éliminé environ 75% de toutes les espèces terrestres sur une période d'environ 20 millions d'années. Les niveaux d'oxygène dans les océans ont chuté de manière significative ce qui a mis à mal de nombreuses créatures. Malgré que les causes de cette extinction soient méconnues, certains relèvent la survenue d'un astéroïde et d'une activité volcanique massive à l'origine de cette crise écologique.

- Extinction Permien-Trias, il y a252 millions d'années : connue comme la plus meurtrière extinction de masse, on l'appelle aussi « la mère de toutes les extinctions ». Sur environ 60 000 ans, 96% des espèces marines ont disparu, les forêts ont été anéanties et un grand nombre d'espèces d'insectes sont éteintes. Ce cataclysme peut être expliqué par une immense éruption volcanique qui a déclenché une libération d'au moins 14 500 milliards de tonnes de carbone. Le réchauffement climatique qui a suivi a déclenché l'altération des roches terrestres avec une perte d'environ 76% d'oxygène dans les océans.

- Extinction Trias-Jurassique, il y a 201 millions d'années : une extinction avec une perte de 80% de toutes les espèces marines et terrestres due à augmentation de température terrestre qui a favorisé le niveau de CO2 atmosphérique. Cette hausse de CO2 a acidifié les océans. Cependant, les causes de cette extinction restent encore mal connues.

Extinction Crétacé-Paléogène, il y a 66 millions d'années : c'est la seule extinction liée à un impact d'astéroïde qui a provoqué une perte de 76% de toutes les espèces de la planète. L'astéroïde d'environ 12 kilomètres s'est écrasé dans les eaux au large de ce qui est aujourd'hui la péninsule du Yucatán, au Mexique. Les débris de soufre ont provoqué dans l'atmosphère ont provoqué un refroidissement mondial. À cela, s'ajoutent des incendies de forêt et un énorme tsunami à l'origine de la destruction des écosystèmes des espèces, dont les dinosaures non aviaires.

Vers une sixième extinction ?

Selon certains scientifiques, nous vivons aujourd'hui une sixième extinction de masse. Actuellement, cent à mille fois plus d'espèces disparaissent qu'entre les périodes d'extinction. Un exemple de quelques animaux disparus :

Le dodo ou dronte de l'île Maurice (Raphus cucullatus), disparu à la fin du XIXe siècle

- La rhytine de Steller ou vache de mer (Hydrodamalis gigas), disparue vers la seconde moitié du XVIIIe siècle

- Le thylacine ou loup de Tasmanie (Thylacinus cynocephalus), s'est éteint en 1936

- Le pigeon migrateur américain ou tourte voyageuse (Ectopistes migratorius), le dernier spécimen est mort en 1914.

La « Liste rouge » est un terme mondial de l'état de conservation des espèces animales et végétales. Cette liste est mise à jour tous les ans par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), elle permet d'évaluer le risque d'extinction des 45 000 espèces qu'elle regroupe et toutes les menaces qui pèsent sur leur survie.

Quelques chiffres

Sur les 157 190 espèces étudiées, 44 016 sont classées menacées.
Parmi ces espèces, 41% des amphibiens, 12% des oiseaux et 26% des mammifères sont menacés d'extinction au niveau mondial. C'est également le cas pour 37% des requins et raies, 36% des coraux constructeurs de récifs et 34% des conifères.

Le fait que certaines espèces disparaissent n'est pas un problème en soi mais c'est la vitesse d'extinction des espèces qui est inquiétante. En effet, la biodiversité est un phénomène évolutif, certaines espèces meurent et d'autres apparaissent, ce cycle de vie est évalué entre 5 à 10 millions d'années. Le taux d'extinction des espèces sur les 65 derniers millions d'années est d'environ 1 espèce s'éteignant pour 1 million par an. Aujourd'hui, ce taux est multiplié par 50 voire 350. Cette accélération trouve son origine en partie par les activités humaines. Que ce soit la surpêche, la pollution, la déforestation ou encore la surexploitation des espèces, l'impact des actions de l'Homme est déterminant pour une biodiversité riche et durable dans le temps.

Prendre conscience de l'importance de la biodiversité ainsi que son histoire au cours du temps apporte une réflexion globale sur le rôle qu'on doit avoir pour la préserver. Malgré le scénario négatif de l'état actuel des écosystèmes, il reste de l'espoir afin de sensibiliser les générations actuelles et à venir sur le respect de l'environnement qui nous entoure. 

Chahrazad Melouka 

Pour aller plus loin : 

https://www.notes-de-coeur.fr